Bonjour les BURN’ettes,

Aujourd’hui, nous vous parlons de tous ces symptômes qui vous ont empoisonné la vie au moment de votre burnout. Stress, maux de tête, douleurs diffuses, grosse fatigue, déprime, mal de dos, voire troubles cardiaques… jusqu’à l’effondrement.

« C’est dans la tête ! » a-t-on dû vous marteler! Eh bien, pas tout à fait, ou du moins, pas que!

On vous explique comment tout cela fonctionne, sur la base d’un article de Philippe DAVEZIES, enseignant chercheur, dont vous trouverez les références en bas de publication.

Quel est le lien entre l’exposition au stress professionnel et les symptômes qui se déclarent?

  1. Mécanisme du stress

1.1. – Utilité du stress

Le stress, en temps normal, est une réaction de l’organisme face à un danger avéré ou potentiel. Imaginons par exemple, que vous croisiez un lion qui vous attaque (toute ressemblance avec des patrons existants ou ayant existé est purement fortuite…).

Le stress psychique engendre un stress biologique. Les systèmes d’alarme de l’organisme sont alors activés, et permettent de répondre à une agression en se préparant à l’action, et à la réparation d’éventuelles blessures. Ces systèmes d’alarme sont :

  • le système sympathique, avec la production d’adrénaline,
  • l’axe responsable de la production de cortisol,
  • et plus généralement l’ensemble des molécules de l’inflammation.

L’adrénaline permet de préparer une réponse face au stress: c’est le « fight or flight », ou « combattre ou fuir ». Il permet une augmentation du métabolisme, une augmentation du débit cardiaque et de la fonction respiratoire (ventilation), un ralentissement de la digestion et de la filtration urinaire, une redirection des apports sanguins vers les muscles, et une augmentation du glucose sanguin.

L’inflammation est la réponse à une agression. Elle est généralement protectrice en participant aux processus de défense naturelle et à la réparation des tissus lésés: par exemple, activation de la coagulation s’il existe une plaie qui saigne, activation des cellules immunitaires s’il y a infection.

Tant que le stress est passager, le système de récupération est efficace. Mais qu’en est-il quand le stress devient chronique ?

1.2. – Problématique du stress chronique

Dans le cas de notre chère BURN’ette, l’accumulation des embouteillages, des heures de travail à devoir toujours faire plus et mieux, des tâches à accomplir, des enfants à amener et à aller chercher à la crèche/ à l’école/ au sport, des courses à faire, de la cuisine, du ménage, de chéri qui râle parce qu’elle n’est pas détendue ce soir…. Le stress s’installe durablement et devient chronique.

Deux réactions sont alors possibles :

  • Pour les personnes exposées à un stress chronique et n’ayant pas l’habitude d’y résister, la production de cortisol s’élève dans le sang.
  • Pour les personnes ayant pour habitude culturelle d’y résister (stress inhibé), la production de cortisol est diminuée.

2. Conséquences du stress chronique sur l’organisme

2.1. – Les pathologies induites

Le stress perturbe le fonctionnement de la cellule. Une cascade de réactions inflammatoires se déclenche, avec d’une part production de molécules à fort pouvoir oxydant, et d’autre part production d’enzymes, susceptibles d’attaquer la cellule et les cellules voisines. De plus en plus de  molécules de l’inflammation sont produites, créant un cercle vicieux. Les capacités de défense de la cellule sont vite dépassées, et la cellule, dite alors en état de « stress oxydant », évolue pathologiquement. L’inflammation, initialement à visée réparatrice, s’emballe face à un stress persistant, à un système de contrôle devenu défaillant, et des mécanismes de réparation inefficaces.

Revenons à notre BURN’ette toute stressée depuis des semaines, des mois, des années… Elle souffre d’hypertension, de troubles musculo-squelettiques, d’une baisse de l’immunité, de troubles cognitifs, voire de dépression. On vous explique.

2.1.1. Maladies cardiovasculaires

  L’hypertension est liée à deux facteurs :

– D’une part à l’instabilité tensionnelle, qui altère la paroi des vaisseaux sanguins.

– D’autre part, en situation de stress, les transporteurs du cholestérol sont oxydés et ne sont plus reconnus par les cellules; ils s’accumulent dans la paroi vasculaire, engendrent une réaction inflammatoire et favorisent la formation de plaques d’athérome. La paroi vasculaire est donc remodelée, épaissie, avec augmentation de la résistance vasculaire et par conséquent de la tension artérielle.

2.1.2. Troubles musculo-squelettiques

Les troubles musculo-squelettiques peuvent être expliqués par le fait qu’à l’état normal, les tendons sont en permanence soumis à des contraintes avec microlésions/réparations régulées par le système inflammatoire. En cas de stress et donc de suractivation du système inflammatoire, le déséquilibre induit une mauvaise réparation, et un état inflammatoire qui aggrave les lésions.

2.1.3. Dépression

La dépression est directement liée à un détournement de la production de sérotonine (régulateur de l’humeur) par les molécules de l’inflammation. Les symptômes évoquent un passage en « économie d’énergie » (fatigue, perte de motivation, perte de la capacité à ressentir les émotions positives, perte d’appétit, ralentissement psychomoteur); l’anxiété et les troubles du sommeil sont liés à l’activation d’une partie du cerveau qui sert de système d’alarme dans la douleur physique ou psychique.

2.1.4. Troubles mnésiques

Un taux de cortisol élevé entraîne une diminution de la mémoire et des fonctions cognitives (ce sera l’objet d’un prochain article… suspense !)

2.1.5. Baisse de l’immunité

Le taux de cortisol élevé entraîne une baisse de l’immunité, avec apparition de mycoses, de chalazions, et autres joyeusetés champignonesques, bactériennes et virales. Miam.

2.2. – L’effondrement du burn out

Toute personne a normalement un pic de cortisol le matin (pour se réveiller et débuter sa journée) et une hypocortisolémie le soir (pour favoriser l’endormissement). Dans le burnout, après une période où le cortisol est resté élevé sur une longue période, avec les symptômes décrits ci-dessus, le taux de cortisol chute brutalement: c’est l’effondrement. Et pour un moment ! Le cortisol matinal revient à la normale environ cinq ans après le burn out.

Ma chère BURN’ette, j’espère que cet article aura pu t’éclairer sur les conséquences du stress que l’on, ou que tu t’inflige(s) en permanence. Il te montre que ce que tu ressens n’est pas une construction de ton esprit, mais bien un mécanisme de défense qui s’épuise et s’effondre. Dis-toi, chère BURN’ette, que même si aujourd’hui tu te sens au plus bas moralement et physiquement, ton organisme vient de te sauver la vie en tirant la sonnette « alerte rouge ». Alors ne le regarde pas comme un ennemi qui a osé te lâcher, mais bel et bien comme un allié qui ne demande qu’à refaire la paix avec toi. Alors chouchoutez-vous.

Gaëlle L.

Référence: Philippe Davezies, « Souffrance au travail et enjeux de santé : le rôle charnière de l’inflammation et du stress oxydant », Perspectives interdisciplinaires sur le travail et la santé [En ligne], 19-1 | 2017, mis en ligne le 01 janvier 2017, consulté le 16 mars 2020. URL : http://journals.openedition.org/pistes/4953 ; DOI : https://doi.org/10.4000/pistes.4953