La reconstruction

Témoignage de Pauline

J’ai 30 ans, j’étais cadre à Paris. il s’agit de ma première entreprise après mes études supérieures. La valeur travail était importante pour moi, je recherchais la distinction et la reconnaissance. J’y suis restée 4 ans. J’y ai évolué sur des postes mal ficelés avec un périmètre de mission floue, sans manager pour m’accompagner ou me développer (car eux mêmes en souffrance et croulant sous une charge de travail toujours plus lourde).

Je suis embauchée en avril 2015, en avril 2017 après beaucoup de travail et de bons résultats, j’évolue. En Août 2017 j’apprends que je suis enceinte, ce n’était pas prévu au programme, j’angoisse… J’annonce la grossesse et je donne le change. Je travaille jusqu’au début du congé patho, malgré la pression, malgré le stress, malgré les remarques insidieuses, malgré les contractions, malgré les douleurs, malgré la fatigue, malgré les horaires à rallonge, malgré la ligne 13 du métro, malgré les conseils de mon conjoint de m’arrêter…  Je suis hospitalisée le premier jour de mon congé patho pour menace d’accouchement prématuré.

Finalement, mon petit garçon tient bon, il naît 3 semaines avant le terme en avril 2018. je profite de mon congé mat, je l’allonge avec mes CP, je prends un mois de congé parental. En septembre 2018, quelques jours avant mon retour on me propose d’évoluer sur un nouveau poste. Je suis flattée, le poste semble intéressant et “challengeant” mais comment y arriver avec mes nouvelles contraintes de jeune mère de famille ? je pose certaines conditions, les horaires de crèche, un accompagnement managériale rapproché et j’accepte.

Et là c’est l’engrenage, je dors peu comme tout jeunes parents, je commence ma journée très tôt pour pouvoir récupérer mon fils à la sortie de la crèche puis je m’occupe de lui, puis je fais le dîner, puis je rallume mon ordinateur. Les week-ends sont synonymes de ménage, de course, de sieste (alléluia ! car la fatigue se fait de plus en plus sentir). Je suis constamment fatiguée, j’ai des maux de tête, je suis sensible, j’oublie des prénoms, J’ai des problèmes de concentration et de compréhension… peut-être un Alzheimer précoce ou une tumeur cérébrale ??

Et puis tout s’écroule, un matin de mai après 2 nuits blanches, je craque… Je ne PEUX PAS y aller, je ne PEUX PAS travailler. J’angoisse, je suis terrorisée, j’ai peur, j’ai honte… Je VEUX rester au lit le reste de ma vie et que le monde m’oublie ! Mon père m’accompagne chez le médecin comme une gamine de 10 ans parce que je ne PEUX PAS y aller seule.

D’après mon médecin il ne s’agit pas d’un Burn out mais d’une dépression, elle me prescrit des antidépresseurs, elle me fait un arrêt. 30€, merci Au revoir.

Depuis, j’ai claqué ma démission et nous venons de nous installer à Bordeaux. C’était un projet de longue date, mon conjoint est originaire de Pessac. Mon état a accéléré ce projet.

4 mois ont passés depuis ce matin d’angoisse. je vais beaucoup mieux mais j’ai perdu la confiance en moi, je me sens dénuée de toutes compétences, WORTHLESS, incapable de reprendre le chemin du travail.

J’écris mon histoire, une façon je jeter une bouteille à la mer car :

j’ai besoin d’exprimer pour ne pas imprimer

j’ai besoin de comprendre ce qui est arrivé

j’ai besoin de retrouver confiance en moi, en mes compétences, en ma valeur

j’ai besoin de retrouver le chemin du travail, un travail épanouissant, qui a du sens

Je vous écris car je pense que vous pouvez m’aider mais adhérer “comme ça” en cliquant sur un lien internet me semble manquer d’humanité.

Une Burn’ette