👩🎓 Etudiante, Nora voulait être la meilleure. Mais un jour, son corps a fini par la lâcher. Elle nous raconte sa quête pour trouver sa voie professionnelle et se trouver elle. Elle nous livre également ses conseils pour éviter le burn-out étudiant.
Durant ses études, Nora travaille dur et excelle. C’est le besoin de reconnaissance et la peur qui la motivent : la peur de la mauvaise note, de perdre son statut de bonne élève ou de se retrouver au chômage si elle se trompe de filière.
Elle intègre le Lycée Henri IV, à Paris, réservé aux élites.
✨ Nora a un rêve : devenir éthologue et explorer le comportement des animaux. Petite, elle voulait déjà gérer un centre équestre…
Elle envisage d’étudier la psychologie mais ses professeurs la mettent en garde. « Aller à la fac, c’est très dangereux. Quand tu en sors, personne ne t’embauche ! ».
Poussée par le corps enseignant, Nora renonce à suivre l’élan de son cœur. Le bac en poche avec la mention très bien, elle « choisit » une des filières les plus reconnues, lui garantissant un brillant avenir. Elle est retenue à Sciences Po.
A défaut de pouvoir étudier les animaux, Nora décide de devenir avocate dans le droit de l’environnement. Sa mère, très engagée et indignée par le monde actuel, l’encourage, pour ne pas dire l’influence…
Nora va suivre un double parcours : le Bachelor de Sciences Po et une licence de Droit. Une folie qu’à l’époque, personne n’a encore réussi à mener de front.
⛓ Quelques années plus tard, Nora se rendra compte qu’elle était prisonnière du complexe de supériorité.
« Faire seulement mes petites études de Sciences Po me faisait peur. Je n’allais plus me distinguer des autres et être parmi les meilleurs. »
Pendant 2 ans, Nora se force et finit par se rendre à l’évidence : le droit l’ennuie.
✈️ Après 5 années, concentrée sur ses études, où le travail passe avant tout, Nora est à bout mentalement, prête à lâcher. Heureusement, la 3ème année de Sciences Po se passe à l’étranger. Nora part en Californie.
😍 Là-bas, tout est différent. Elle a très peu de cours et les matières lui plaisent. Les environs sont extraordinairement beaux, elle se ressource et médite au bord de l’océan. Elle fait des rencontres intéressantes et ne se sent pas jaugée, comme en France. Elle renoue avec les sentiments de légèreté, de joie et de plaisir. Elle vit pleinement sa vie, enfin !
Fin de l’année scolaire, Nora en pleurs ne veut pas rentrer en France. En Californie, tout l’appelle. Il y a quelque de chose de beau, de réel et de vivant, quelque chose à continuer… Sa maman, inquiète et dans l’incompréhension, lui conseille de finir son Master avant de partir explorer le monde.
C’est un moment clé. Mais Nora n’aura pas encore la force et le soutien nécessaires, pour écouter son corps et son cœur. Elle rentre en France, dans la douleur.
Saoulée, mais toujours avec la volonté d’être la meilleure, Nora s’inscrit à un Master International et à la Fac de Droit.
🤯 C’est trop et son cerveau refuse. Sa mémoire et son attention lui jouent des tours. Il lui faut 5 fois plus de temps qu’avant pour apprendre.
Pour autant, elle ne s’autorise pas à faiblir, sa machine cérébrale doit redémarrer et il faut réussir les partiels. Elle abandonne le Master de Droit et persévère tant bien que mal.
👩⚕️ Nora se tourne vers le monde médical. Son généraliste lui conseille de manger plus de viande et sa gynécologue lui dit qu’elle manque de fer, une errance thérapeutique.
Nora est inquiète. Elle sait qu’elle va bientôt devoir définir ce qu’elle va faire dans sa vie, une question qui la hante. Elle a besoin d’une année de césure et de concret. Elle décide d’enchainer 3 stages.
⚡️ Au Ministère des affaires étrangères, elle ne parvient pas à lire et à synthétiser ses idées. Son cerveau semble pris dans un épais brouillard. Nora a toujours faim. Elle mastique des carottes pour refouler ses envies de sucre et enchaîne les cafés. Sa fatigue est constante et latente. Elle ne ressent plus rien. Tout l’indiffère. La musique est juste du bruit. Les conversations l’empêchent de se concentrer. Être à table avec plus de 3 personnes est une torture. Les choses ont moins de saveurs et Nora perd le plaisir de manger.
En Jordanie, elle répond à un appel à projet sur l’eau et l’agriculture. Sa mère lui dit : « Ça peut être cool d’écrire un article académique pour une projet de recherche ». Au fond d’elle, Nora sait que ça va être compliqué… La rédaction la rend folle mais quand Nora commence quelque chose, elle le termine.
👩🌾 De retour de Jordanie, elle trouve une place en woofing, à la ferme du Bec Hellouin.
En parallèle, elle voit une orthophoniste. Elle trouve en elle, une oreille attentive et bienveillante lui permettant de se confier sur ses difficultés. Le bilan neuropsychologique est une première étape vers la reconnaissance de ses troubles, un soulagement.
👩❤️💋👨 Nora rencontre son futur compagnon. Elle a du mal à comprendre qu’elle puisse être appréciée pour autre chose que son intellect ou ses performances. Il va l’aider dans sa reconstruction.
👩🏫 Après cette parenthèse enchantée dans la nature, Nora retourne à Paris, valider son dernier semestre de Master.
Sur les conseils de son orthophoniste, elle fait taire ses réticences et, docile, consulte une psychologue. Celle-ci pose enfin le diagnostic de burnout.
Nora entame un travail sur elle-même. La psychologue lui demande d’observer et de mettre à distance sa petite voix intérieure qui lui souffle : il faut, tu dois, tu devrais, tu n’es pas assez… Elle recherche les petits plaisirs du quotidien, apprend à nommer ses émotions ou à oser dire non. Pas simple mais elle finit par y arriver et même à y prendre goût !
A la fin de ses études, toujours pas de solution en vue pour résoudre ses problèmes de concentration qui remettent en cause sa trajectoire.
Encouragée par sa psychologue, Nora s’écoute. Elle est fatiguée et son seul désir est d’être seule et de se reposer, loin de tout.
Elle opte pour un compromis raison / cœur, 3 mois de CDD bien payé et 9 mois en Californie, son étincelle de vie.
🗺 La Californie répond à sa soif de liberté et de simplicité : lâcher-prise, collocation, écriture, méditation, vélo, nature et introspection, le bonheur. Elle suit la formation « Kamana » de Jon Young, un mélange d’exercices d’observation de la nature.
🔥 Taraudée par la question « Comment trouver sa voie« , Nora interroge Warren Brush, un enseignant en permaculture. Il l’invite à un « fire sit » de 24h (être assis près d’un feu), sorte de préparation à la quête de vision. L’idée est de veiller, seul, sur un feu, de lister ce qui est positif dans sa vie et d’exprimer sa gratitude. Nora ne trouvera pas de réponse précise mais elle comprendra l’importance d’aimer ses proches et de s’émerveiller d’être en vie. Elle remet les choses à leur juste place, le travail étant secondaire.
🧘♀️ Nora rentre en France et poursuit son cheminement au village des Pruniers, un monastère bouddhiste, où elle séjournera 3 semaines.
Elle rejoint son oncle dans le Morvan qui a une pépinière et besoin de renfort. Elle y restera un an. Elle en profite pour approfondir ses compétences dans l’observation de la nature.
En parallèle, elle s’inscrit à une formation en résolution de conflit / médiation. La seule chose qui l’anime, c’est la relation humaine. Le moral est meilleur mais Nora a encore des moments de fatigue. Pour se protéger, elle se cantonne à des tâches simples.
La question qui fâche ressurgit : que vais-je faire de ma vie ? Seule évidence : rester dans le coin. Elle trouve un CDD dans son domaine. Ce sera 6 mois fait de tableaux, de chiffres et de tensions avec sa responsable, de quoi se confronter une nouvelle fois à cette horrible lenteur…
👂 Nora fait le bilan. Ses expériences en tant que salariée ont été difficiles. Elle finit par accepter qu’elle ne redeviendra pas comme avant. Elle a perdu des facultés et n’arrive plus à faire des choses qui ne l’animent pas. La théorie, l’analyse, les mains dans la matière, le concret, c’est lent et long… Ce qu’elle aime, c’est le contact avec les autres et l’écoute. C’est là qu’est sa force et qu’elle trouve du sens.
Nora franchit le pas et se met à son compte. Elle accompagne des personnes en risque de burn-out (burn-in) ou en transition professionnelle et organise des ateliers du « Travail qui relie », et co-construit une formation pour jeunes cadres inspirée de Frédéric Laloux « Réinventer les organisations ».
Exigeante, elle veut du résultat et pouvoir couvrir ses dépenses. En intervention, elle est à sa place mais organiser, communiquer, se faire connaitre n’est pas son fort. Elle se met la pression pour atteindre ses objectifs. Elle va trop vite et a du mal à accepter certaines difficultés qui entravent son travail.
✍️ Elle a cette intuition : « Pour réussir à aller de l’avant, j’ai besoin de temps pour comprendre ce qui m’est arrivé et qui je suis.« . Avec le soutien de son ami, elle s’accorde une pause d’un an où s’entremêle méditation et écriture. Elle couche sur le papier son témoignage.
👶 Nora reprend son activité et tout roule mais en 2020, confinement. Le calendrier se vide. C’est le moment qu’elle choisit pour devenir maman. Elle accueille son fils Emile et prend le temps de s’occuper de lui. Accepter d’être mère en partie au foyer n’est pas simple car elle vient d’un milieu féministe ou « faire carrière » est important. Mais elle se rend compte qu’être maman est un job à temps partiel qui la comble.
Aujourd’hui, Nora est retournée vivre dans le Morvan, là où tout a commencé. Elle y a trouvé son équilibre. Il repose sur 3 piliers :
– Accompagner l’humain,
– Faciliter des ateliers du « Travail qui relie », un sujet de transition actuelle,
– Être maman et prendre du temps avec son enfant.
Interrogée sur ce qu’elle aimerait dire à des étudiants d’aujourd’hui, Nora répond :
➡️ Dans la course des notes, des classements et de la compétition, prenez le temps de vraiment vous poser les questions : Qu’est-ce que j’aime ? Qu’est-ce qui m’anime, me fait vibrer ?
➡️ Posez-vous la question : « Qu’est-ce que le succès pour moi ? », posez-vous cette question dix fois, et écrivez vos réponses, arriver à quelque chose qui vous est propre et qui est donc vrai. Cela vous donnera de la force pour faire la différence entre votre vie et les attentes extérieures (réelles et imaginées). Par exemple, peut-être que le succès, pour vous, n’est même pas tant lié au métier que vous faites, mais à d’autres aspects de la vie, et ça change tout d’en avoir conscience.
➡️ Et aussi et surtout : les plus belles aventures ne sont pas des autoroutes. Un sentier sinueux, parfois un peu de tout-terrain… avec pour guide la petite voix de votre intuition profonde. Et si vous avez du mal à l’entendre, osez parler à des personnes qui vous inspirent. Posez-leur vos questions. Rien ne vaut une équipe d’aînés et de pairs en soutien pour trouver et naviguer sa voie !
👉 Dans un deuxième article, découvrez une des activités qui nourrit Nora, les ateliers du « Travail qui relie ».
👉 Vous souhaitez en savoir plus sur le parcours de Nora, voici son témoignage : « De l’excellence à la quête de sens : témoignage de désapprentissage d’une bonne élève”.
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