Témoignage de Séverine
Le mur en face
J’ai pris le mur en pleine face, en accélérant même…. C’était en février 2020.
Mon métier est au cœur de l’humain. Il ne me convient plus depuis un moment déjà. Non pas que je n’aime plus ce que je fais mais les conditions dans lesquelles je le fais. En bon petit soldat, pendant longtemps je me suis adaptée, sur-adaptée même, pour compenser ce qui était bancal dans mon job. Sans m’en rendre compte car, pour moi, le bien être des autres a toujours eu plus de valeurs que le mien. J’ai fait des formations dans ce domaine. J’ai obtenu mon diplôme de Naturopathe et je me suis appliquée à progresser dans les techniques naturelles de bien être. J’ai mené 2 jobs de front pendant un temps. L’un me ressourçait, l’autre me minait mais j’y trouvais un équilibre… Enfin je croyais… Mes collègues faisaient appel à moi car on me trouvait zen, détendue, toujours prête à aider, conseiller, patiente… Comme je suis quelqu’un de très professionnel c’est souvent vers moi qu’on se tournait pour régler une difficulté, arrondir les angles, gérer un conflit. J’ai fait cela volontairement sans me rendre compte que c’était au prix d’efforts considérables pour ma santé. Je n’avais que peu de reconnaissance de la part de mon employeur mais je l’acceptais car je m’investissais par valeur. J’étais portée par le sens que je portais à mon métier.
J’ai craqué face à une situation qui était en totale opposition avec mes valeurs. Je n’ai rien vu venir. J’ai même été volontaire pour cette mission ! Mais je me suis retrouvée dans une impasse. Je me suis formée en plus car je pensais que c’était moi qui dysfonctionnais, que je ne performais pas parce qu’il me manquait des connaissances. Mais ce que je faisais n’était jamais assez et personne n’avait de solutions à me proposer. La situation était ingérable (je l’ai compris après). Tout le monde le savait mais on m’a demandé de tenir bon. Alors j’ai tenu ….et puis d’un coup j’ai cassé… le jour où j’ai réalisé que malgré toutes mes alertes rien ne changerait.
« A force de ne pas m’écouter, vous m’avez perdue »
Comme beaucoup, j’ai d’abord refusé l’arrêt imposé par mon docteur, ensuite j’ai pleuré des litres, j’ai eu honte, j’ai culpabilisé, j’ai sombré et puis ENFIN des mois après… j’ai lâché prise. J’ai trouvé mes « béquilles » pour me reconstruire : psy, famille, nature, broderie, yoga, cohérence cardiaque, groupe de paroles (merci les Burnettes ;))
Pour avancer il a vraiment fallu que je comprenne ce qu’était le burn out. Le médecin pose un diagnostic mais après ? L’asso des Burnettes m’a permis d’échanger sur le burn out, de m’informer, de voir qu’il y avait des étapes, d’avoir un réseau de professionnels à contacter, de poser mes questions et d’avoir toujours une réponse bienveillante. Et puis surtout de voir qu’on s’en sortait !
Je n’ai pas repris le travail mais j’ai parcouru un grand chemin. Je remets les compteurs à 0 et je prends le temps de voir qui je suis, quels sont mes besoins, mes limites et comment organiser tout ça en me respectant vraiment.
Mon burn out est ma pierre précieuse car j’en suis sûre j’aurais fini par me détester dans un système maltraitant. Mais l’enveloppe est vraiment pourrie : quand tout se déconstruit, le physique, le mental, le cognitif, l’émotionnel il faut du temps pour briller à nouveau. Désormais je renais.
Une burnette en re-born